A 13-Year-Old In A Museum

Author
Nancy Collier
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Image of the WeekUn enfant de 13 ans dans un musée
-- de Nancy Collier

Nous nous sommes récemment rendus au Musée d’Art Moderne avec une amie et sa fille, âgée de 13 ans. Alors que nous déambulions dans les galeries du musée, j’ai été frappée par les fréquentes demandes de la fille de mon amie, nous demandant de la prendre en photo (avec son Smartphone) devant les œuvres d’art. Sa tête inclinée, elle contemplait les œuvres, dont elle posterait les photos de manière fiévreuse sur Instagram, Snapchat et tout le reste. En outre, elle n’était pas la seule jeune (ou même moins jeune) personne à faire cela. Tout le monde semblait occupé à prendre des photos de soi-même « en train de vivre l’expérience » du musée.

Ce n’est en aucun cas une critique de la fille de mon amie (ou de n’importe qui d’autre). Ce qui était préoccupant, du moins pour moi, c’était qu’à part le fait d’être photographiée et de poster, la fille de mon amie n’était aucunement intéressée par les œuvres d’art. Ce fait ne la dérangeait pas du tout et ça ne l’empêchait pas de vouloir se poster elle-même comme une personne appréciant l’expérience. Alors effectivement, quand j’avais son âge, je n’étais pas non plus intéressée par aller au musée, et lorsque j’y étais traînée, ma seule envie était de sortir du bâtiment. Ne pas être intéressé par l’art à son âge (ou à n’importe quel âge) est tout à fait normal et pas si perturbant.

Mais ce qui est troublant, c’est la quantité d’énergie qu’une jeune personne peut mettre dans la création de l’image de la vie qu’elle vit et le personnage qu’elle « est » dans cette vie. Alors que créer une image de soi a toujours joué un rôle dans le fait de grandir et dans la recherche de son identité, les médias sociaux semblent avoir changé les règles du jeu. Les médias sociaux n’ont pas seulement intensifié la pression et la possibilité de se créer une image de soi générée soi-même, mais ils ont aussi déformé le processus par lequel nous devenons qui nous sommes. Les jeunes personnes semblent maintenant créer une image de ce qu’elles sont plutôt que de devenir ce qu’elles sont, en postant leur vie plutôt que de la vivre. L’effort qui va dans la création de l’identité et de voir qu’elle est remarquée et « suivie » a remplacé les efforts de s’intéresser vraiment à la vie qu’elles sont en train de poster.

Peu importe ce qu’est vraiment l’expérience, tout dépend de vous – la personne qui la vit. Dans un concert, il ne s’agit pas de musique. Dans un restaurant, il ne s’agit pas de nourriture. Lors d’un événement sportif, il ne s’agit pas de sport. Lors d’un enterrement, il ne s’agit pas de perte. Cela dépend de vous, la personne qui fait l’action, et de ce que l’événement dit de vous. Les expériences de la vie ne sont pas vraiment vécues directement lorsqu’elles sont utilisées comme opportunités d’annoncer la sorte de personne que vous êtes. La vie est maintenant un produit au travers duquel on promeut son image, mais avec une faible connexion – et c’est là que cela devient étrange – comme si l’image de l’écran ne reflétait pas précisément l’intérieur de vous.

On observe que poster où nous sommes et ce que nous faisons est souvent plus important que d’être là où nous sommes et ce que nous faisons. C’est l’un des chemins les plus dérangeants que nous prenons à la suite des avancées de la technologie. Notre expérience n’a de signification que dans la manière où elle dit quelque chose sur nous – comment est-ce qu’elle aide à créer notre image de soi. Il en résulte que nous nous sentons plus séparés et déconnectés de notre vie ; le sens est plus difficile à trouver. Plus nous passons notre vie à nous créer une identité, plus nous nous sentons coupés de la vie. Au lieu d’en faire partie, dans le flow de la vie, nous nous sentons obligés de générer continuellement du nouveau contenu, des choses de la vie, qui nous proclament, qui nous établissent, et au final, qui nous prouvent notre existence. Dans l’intervalle, le gouffre entre la vie et nous grandit de plus en plus.

La prochaine fois que vous êtes sur le point de poster votre histoire et tout ce qui va avec, prenez une pause et prenez conscience de là où vous êtes, ressentez ce que cela fait de vivre ce que vous êtes en train de vivre, sentez ce que vous êtes en train de sentir, sans rien faire d’autre avec – sans utiliser la vie à votre avantage, ou quoi que ce soit. Vivez, tout simplement, sans vous créer de narrative. Certes, cet exercice pourrait constituer une menace à votre identité, vous faire manquer une opportunité d’établir votre valeur. En fait, les bienfaits qu’il peut offrir à votre vrai vous, celui qui est en vous et non celui qui est séparé de la vie, ira bien au-delà de toutes les pertes engendrées. Mais ne me prenez pas au mot, expérimentez-le pour vous-même.

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Questions pour faire germer la réflexion : Comment vous expliquez-vous la distinction entre créer une image de qui nous sommes et devenir qui nous sommes ? Pouvez-vous partager une histoire d’une fois où vous avez pu vous déconnecter de la création d’une image et choisir de vivre la vie directement ? Qu’est-ce qui vous aide à éviter le piège d’utiliser la vie comme un produit pour promouvoir votre image ?
 

Nancy Colier is an equestrian on the national horse show circuit and serves as a performance consultant to athletes and artists.


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